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Elsa médium

Je t'enverrai des marguerites

Voici des années que la maladie emporte toujours un peu plus ce que tu as été. Que reste il de toi en ces derniers instants ?

Pourtant ton corps est là ! mais ton âme est à côté de toi, comme si tu étais déjà désincarné… tes proches deviennent des visages familiers, au pire des inconnus, que ta mémoire effilochée ne parvient plus à resituer.

 

J’appréhendais ce moment, je savais que tu allais nous quitter bientôt. Et puis, cet appel de l’hôpital : « venez vite ».

 

Tu nous as donné encore 11 jours pour nous permettre de te dire ce qui était important, 11 jours durant lesquels tu as été inconscient. Je t’ai beaucoup parlé, je t’ai confié mes regrets, ce que j’aurais aimé faire avec toi et que je ne pourrais plus faire… et puis, j’ai essayé de t’expliquer ce qui allait se passer « de l’autre côté ».

Toi, qui était médecin, ta raison prenait le pas sur ces choses là…

 

Assez vite, la colonne de lumière est apparue au dessus de ta tête et ne t’a plus quitté. Ta mère était là aussi pour t’accompagner vers cet ailleurs.

 

J’ai demandé à mes anges un signe pour que je sache quand tu serais prêt à franchir le seuil. J’ai entendu « il t’enverra des marguerites », ce qui parait plutôt incongru en plein mois de novembre…

 

Un jour, nous sortons de la chambre, les infirmières devant faire un soin. Nous nous rendons dans le jardin et commençons à parler, à décharger un peu de cette lourdeur. Mon frère s’en va quelques minutes. Je baisse les yeux et aperçois deux marguerites. Je suis surprise d’en voir en cette saison juste sous mon nez. Je fais le tour de cette grande étendue d’herbe, il n’y en a pas d’autres, je repars vers la chambre et sur un autre carré de pelouse, j’en aperçois deux autres.

Quatre petites marguerites en plein hiver, perdues sur de grandes étendues herbeuses.

 

Le 4 novembre fut le dernier jour où je vis mon père vivant, le 4 novembre fut le jour où nous nous retrouvâmes tous ensemble réunis dans sa chambre ce qui ne fut pas le cas jusqu’alors, le 4 novembre fut le jour où ma mère réussit à ne pas lui dire « à demain »…

 

Il s’en est allé le lendemain matin laissant un grand vide, une plaie béante.

 

Je l’ai vu partir main dans la main avec ma grand mère, elle souriante, de lui, je n’ai vu que son dos… mais j’ai compris qu’il allait bien.

 

S’en est suivie la pire traversée du désert de ma vie… je me suis sentie vide, déboussolée… Même si je crois depuis toujours à la vie après la mort car je vois les défunts et je communique avec eux, je me suis mise à douter de tout, j’étais perdue.

 

Le premier contact que j’ai eu avec lui plusieurs jours après son départ, je n’ai pas voulu y croire. Je lui ai demandé une preuve, un signe. Je voulais revoir des marguerites !

Il m’a répondu en rigolant « en cette saison, t’es marrante toi ! » puis il a ajouté « tu les auras, je t’enverrai des marguerites ».

 

Le temps passe, je doute de tout et tombe dans un état dépressif…

 

Fin janvier, nous sommes invités à déjeuner chez des amis. Nous nous ne sommes pas revu depuis longtemps, nous échangeons de choses et d’autres. Mon amie me raconte notamment avoir fait un tatouage thérapeutique sur ses cuisses. Je lui dis que j’attends désespérément un signe précis de mon père puis lui raconte l’histoire des marguerites.

 

Elle blanchit, m’emmène à l’écart et me montre son tatouage, des fleurs des champs avec sur une cuisse, une grande marguerite !!! Nous tombons en pleurs dans les bras l’un de l’autre. Ce n’est pas seulement la marguerite, c’est aussi la référence médicale qui confère de la pertinence à ce signe !!!

 

Le temps passe lentement à nouveau, je me débats avec l’idée qu’avoir perdu mon père à l’âge de 45 ans est profondément injuste, je suis en colère… je mets du temps à l’évacuer…

 

Un jour de mars, je me rends dans un magasin de fournitures de bureau. A la caisse au moment de partir un stylo seul dans un pot avec une marguerite au bout (celui de la photo), j’hésite à l’acheter et repart sans.

 

Le lendemain, je repense à ce stylo et vient instantanément mon père, nous pouvons échanger, cela me fait un bien fou !

 

Je retourne le lendemain dans le magasin bien décidée à acheter ce stylo. Je l’ai entre les mains, je lève les yeux et tombe sur des exemples d’impression, le premier mot que je lis est : « docteur ». Je pars avec mon signe dans la main.

 

Il a tenu parole, il m’a envoyé des marguerites.

C’est le début d’une nouvelle communication.

 

Même si tu n’es plus là physiquement papa, je sais que tu es toujours présent et que tu m’accompagnes.

 

Ce texte, il ne m’a pas été facile de l’écrire… même si quelque part, cela m’a fait beaucoup de bien. Il m’a été demandé de vous le partager pour témoigner de la vie après la vie. Alors, je vous confie cette part de moi, de mon expérience, en espérant qu’elle raisonne en vous et qu’elle vous apporte l’espoir !



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